Je vous propose ici un petit retour sur mon vécu personnel et la naissance de mes enfants. Pour celles et ceux qui voudraient mieux me connaître et comprendre comment je suis passée d’un accouchement traumatique, passif et super médicalisé à un accouchement physiologique en maternité et enfin à un accouchement en conscience à domicile (AAD).
Ce récit n’est que mon histoire, mon cheminement, mon ressenti et je ne prétends aucunement partager de solutions miracles ou à exprimer des vérités absolues. Chaque expérience, chaque vécu est unique et devrait être honoré comme tel.
Un premier accouchement difficile & traumatique
Comment par manque de préparation et de connaissance, je me suis retrouvée spectatrice impuissante de la naissance de mon fils.
Entre confiance & naïveté
J’ai toujours eu le projet d’une naissance physiologique, naturelle, sans péri pour mes enfants. Je pense même que c’était une évidence pour moi avant même d’être enceinte. Et bien sûr je pensais m’y être préparé en ce sens. Pour commencer, j’allais accoucher aux Bluets à Paris, qui était encore une référence de l’accouchement physiologique, berceau des travaux de l’accouchement sans douleur du Dr Lamaze. C’était le graal que toutes les femmes enceintes se disputaient à Paris. Par chance j’habitais à 10 mns à pieds de cette maternité de niveau I. J’ai aussi fait du yoga prénatal à l’institut De Gasquet, des séances de sophro. Mon mari et moi avions même fait la préparation avec Bernadette de Gasquet herself pour les positions d’accouchement. Et ça, en plus des cours de prépa en groupes chez la sage-femme. Sans oublier que j’étais en pleine forme : je mangeais bien, télétravail à mon rythme, je restais active, je voyageais, je me reposais. Enfin j’étais déjà avancée dans ce cheminement d’éveil, de méditation, de visualisation. Je ne voyais aucune raison pour que ça ne « fonctionne » pas. J’avais même rêvé une nuit d’un accouchement en conscience orgasmique ! J’étais donc parfaitement sereine.
Le grand jour
Et puis un matin d’avril 2017, je perds les eaux. Excitée, confiante, je suis soulagée aussi que cela se passe à 39 SA de grossesse. J’appelle le service des naissances, je mange, je me prépare et on part à la maternité. À peine arrivée, je sens déjà des contractions très fortes et très rapprochées. Je me retrouve très vite très mal, en panique, submergée par l’intensité. Je perds mes repères (mon mari aussi), je n’arrive plus à respirer et encore moins à me détendre. Le staff n’est visiblement pas dispo et peu concerné par la situation. Je suis seule avec mon homme à deux doigts de vomir et de tourner de l’oeil. J’ai des sueurs froides, je ne tiens plus sur mes jambes… La péri s’impose à moi comme une évidence et se pose dans mon dos.
L’adieu à mon projet d’accouchement physio
Là, schéma (trop) classique : le travail ralentit, oxytocine de synthèse, on m’empêche de changer de position (j’avais une péri ambulatoire, je précise). S’en suit une poussée dirigée, ventouse (échec), épisiotomie à mon insu et spatules. Mon bébé « va très bien » mais on coupe aussitôt le cordon pour l’examiner, à l’autre bout de la pièce. Mon fils est en peau à peau avec son père le temps qu’ils finissent avec moi (épisio et délivrance). Je le récupère, enfin, contre moi. Je suis partagée entre l’état de choc et l’explosion d’amour pour mon fils.
S’en est suivi un post partum douloureux (épisio mais pas que), isolé et plein de doutes.
Pourtant, d’un point de vue extérieur, tout le monde s’entendra à dire que mon accouchement s’est « bien passé ». Mon fils est en pleine forme, mon allaitement se met en place sans trop de difficultés. Je ne fais pas non plus de dépression du post-partum. De quoi se plaindre ?
Il me faudra des mois et pas mal de pratiques diverses pour faire la paix avec ce sentiment d’échec (qui n’en est pas un mais que je ressens comme tel à cette époque) et me libérer de la culpabilité et de la colère qui l’accompagne. Cette amertume restera longtemps en moi mais ne me fera pas renoncer à notre projet d’un deuxième enfant.
Une naissance physiologique coûte que coûte
Après un bébé-ange dont je reparlerai plus spécifiquement dans un autre article, je suis à nouveau enceinte deux ans et demi plus tard.
Corona Mama
Dès le début de cette grossesse je sais où je vais : j’accoucherai naturellement quoiqu’il arrive. Forte et reconstruite après cette première expérience, je suis prête à tout pour tenir ce projet et renouer avec mon corps et ma puissance de femme qui porte et donne la vie. Je refuse qu’on me « prenne en charge » pour cet accouchement ou qu’on m’impose quoi faire, qu’on mutile mon corps sans mon consentement. C’est N-O-N !
Mais le Covid et ce premier confinement nous tombe dessus. Je ressens la pression, le stress et la fatigue des soignants et l’isolement. Et puis la maternité où je suis inscrite n’assure aucune prépa, les ateliers de groupe sont interdits également en libéral. Je dois me débrouiller seule.
Mais je garde le cap.
« Je ne suis victime de rien. J’accoucherai selon mes termes ».
Je suis déterminée et rien ne peut me faire vaciller.
Une préparation commando
Rapidement, je comprends alors qu’il faut que je me prépare, sérieusement, à cette naissance. Que ma première expérience ne suffira pas. Que je ne peux compter que sur moi (jusqu’à la dernière minute je ne savais pas avec certitude si mon mari pourrait être là en salle de naissance). Je chemine en connexion avec ce bébé en moi, je m’informe un peu partout et les portes s’ouvrent. Ma cousine, sage-femme et femme sage, me parle de Quantik Mama. C’est une révélation. Je découvre Karine qui redonne sa juste place aux femmes dans le monde des naissances, elle parle de « fragmentation » et je pleure de joie, d’espoir, de soulagement.
Je passe des soirées entières à lire, je cherche, les liens se font et soudainement tout s’aligne dans ma tête et dans mon coeur. Désormais je vois cette naissance comme un rite initiatique, et je comprends que cela va être bien plus puissant et transcendant que tout ce que j’avais pu imaginer jusque là. Mon projet va dès lors bien plus loin que « sans péri » mais bien vers un accouchement en conscience. Pour me préparer, seule avec mon conjoint, je médite, je visualise et je me connecte à mon bébé tous les jours, voire plusieurs fois par jour. Je me nourris d’informations utiles, je grandis, je prends confiance.
Je suis prête
Mon bébé doit bientôt arriver, je me sens prête, je l’écris. Ce soir-là je refile mon collier en turquoise qui m’accompagne depuis le début de cette grossesse. Mon bébé naîtra le lendemain matin, naturellement, physiologiquement et sans assistance. Je me sens déesse surpuissante suite à ce que je viens de vivre. Je déborde de confiance et d’un sentiment presque coupable de souveraineté. J’assume mes choix (allaitement instinctif, cododo, maternage proximal) au-delà des injonctions du corps médical. Je me sens belle et rebelle pendant ces quelques jours à la maternité bien chaotique. Mais à ce moment-là, je savoure l’instant qu’il m’est donné de vivre. Je ressens une paix profonde, qui va bien au-delà de la maternité et de l’Amour que je porte à ma fille. Je vis une Lune d’Or magnifique, lovée et cocoonée avec mon mari et mes enfants.
Quelques mois plus tard, s’impose alors à moi l’idée, comme une évidence : j’accompagnerai les femmes qui décident de renouer avec cette puissance et à cette confiance qui sommeille au plus profond d’elles.
En post-partum, dès les premiers jours je sais que j’aurai un autre enfant. Je me sens comme « incomplète », j’ai même le blues à penser que je ne serais plus jamais enceinte, que je n’enfanterais plus, que c’était « la dernière ». Mon mari est très heureux de notre famille de deux enfants, tout le monde me rabâche cette histoire de « choix du roi » etc. Mais moi, je sais, comme une évidence, qu’autre chose nous attend…
Un AAD comme une évidence
Ma fille n’a pas encore fêté ses 8 mois que je réalise qu’un autre bébé est venu s’installer en moi. Mon mari et moi naviguons entre la flippe, la joie, la gratitude et le stress d’un troisième enfant si vite. NB : toujours écouter son corps quand il vous crie « là tu es en pleine ovulation très chère » même si le calendrier dit que ce n’est vraiment pas possible 😉
Quand l’hôpital n’est plus une option
Nous savourons notre chance et nous nous réjouissons de cette famille prochainement et finalement au complet. Nous annonçons cette grossesse très vite autour de nous et rapidement je réalise que je ne retournerai pas à la maternité pour accueillir notre enfant. Je n’éprouve plus cette colère vive liée à ma première expérience mais je ne veux pas y aller. Je ne peux pas y aller. Ce n’est simplement plus une option pour moi. La réalité dans laquelle je suis, que je vis me pousse viscéralement vers « autre chose ». Je crois que je suis même prête à cet instant à accoucher seule, chez moi. Un peu par défi, j’avoue, mais surtout par confiance.
Je partage mon projet d’accouchement à domicile à mon mari en lui précisant que si c’est « trop » pour lui, c’est ok pour moi qu’il ne soit pas là. Ce projet hors maternité est non négociable. C’est impensable pour lui d’être absent alors nous étudions l’option AAD avec une sage-femme. Suite à cet échange, je pose mes intentions et nous rencontrons donc Sarah. Un premier RV de 2h à la maison et tout le monde s’accorde et s’enthousiasme autour de ce projet.
Honorer mes besoins
Je pose clairement mes conditions comme un cahier des charges : aucun toucher vaginal (ni avant, ni pendant, ni après la grossesse), aucun produit, pas de monito en continu, pas de test de glucose (j’en reparlerai une prochaine fois), pas de mains sur mon périnée, pas de délivrance dirigée, clampage tardif, etc., etc., etc.. La liste est longue mais validée. Soulagement.
Il est clair pour elle comme pour moi qu’elle arrivera peut-être « après » et c’est ok. Sa confiance en moi, la facilité dans laquelle elle me projète pour cet accouchement me font beaucoup de bien. On échange, on partage nos expériences, nos points de vue. Elle m’écoute vraiment et ne me force en rien : je me sens respectée.
La vie m’amène à découvrir l’hypnose avec un ami extraordinaire. Je suis reliée à ce bébé dans l’invisible et nous vivons des moments de grâce magnifiques. Je chemine alignée, dans mon corps, dans mon esprit et dans mon coeur. Une incroyable communauté de futures Quantik Doulas me porte et me célèbre dans ma maternité. C’est beau. C’est vraiment beau.
Un accouchement en conscience
Finalement, ma fille naîtra dans la chaleur et la douceur de notre maison après un enfantement quelque peu mystique, toujours aussi puissant, rempli de joie et surtout pleinement respecté. Mes aînés sont chouchoutés pendant ce temps-là par une merveilleuse amie doula qui prendra également soin de moi et du placenta de mon bébé. Mon fils coupe le cordon de sa petite soeur 2h après sa naissance. Nous restons bien au chaud en ce début d’hiver et profitons de cette nouvelle vie à cinq. Je me sens complétée, en harmonie. Je suis en paix, la boucle est bouclée.
En conclusion
J’aurais énormément de choses à ajouter, à développer concernant ces trois expériences. Ce qui me parait essentiel et que je souhaite partager aujourd’hui c’est que la confiance et la conscience se cheminent. Aujourd’hui on peut lire de plus en plus fréquemment que « la femme sait enfanter seule« , que c’est « inné« , qu’elle a « cette puissance en elle » et c’est une chose formidable à laquelle j’adhère pleinement. Pourtant je pense qu’il est aussi sage de rappeler à ces mêmes femmes que cette (re)connexion à qui nous sommes vraiment, à notre nature profonde et sans fard ne se fait pas toujours en un claquement de doigts.
Simplement se dire un matin « oui, oui c’est ok pour moi de renouer avec ma nature profonde et me retrouver seule face à moi-même » ne va peut-être pas suffire.
J’adorerais avoir complètement tort sur ce point !
Mais je reste dans l’observation et l’écoute de ce qui est, des récits de femmes, de soignants, de thérapeutes. Avec ce constat : nous vivons dans un monde où nous sommes largement déconnectés de notre instinct, de notre intuition, de notre part créative et ce dès le plus jeune âge. Notre nature première n’est pas valorisée ou même juste tolérée bien souvent. Et nous accouchons le plus souvent dans des hôpitaux inhospitaliers, stériles et protocolaires.
Comment rester centrée, connectée à soi et à son bébé pendant l’accouchement ?
Initier le mouvement vers Soi, faire l’expérience régulière d’états de conscience modifiés, aller à la rencontre de ses peurs et apprendre à danser avec la douleur sont des a priori qui pourront certainement vous aider à naviguer plus sereinement le grand jour. Et je ne peux que vous encourager à être accompagnée et encouragée sur ce chemin, vous et votre partenaire, par la personne de votre choix. Informez-vous utilement, honorez votre vérité et découvrez les trésors de sagesse et de courage qui sont déjà en vous et vous attendent.
Je vous souhaite de tout coeur de cheminer vers ce que vous êtes au plus profond de vous : puissance et lumière.
Et je vous souhaite de merveilleux enfantements.
Love, now & always
Sophie
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